Le réveil était aussi brusque que la chute dans le sommeil. Aussitôt soustrait à l’influence de la brume verte, Païkan ouvrit les yeux et vit le visage d’Eléa. Elle était à genoux près de lui, elle tenait sa main droite entre ses deux mains, et elle le regardait avec angoisse.

Le voyant s’éveiller, elle soupira de bonheur, lui sourit, abandonna sa main et s’écarta pour qu’il pût regarder autour de lui.

Il regarda et ne vit que du gris. Des murs gris, le sol gris, la voûte grise. Et, en face de lui, l’escalier gris. Assez large pour laisser s’écouler une foule, il montait, désert, vide, nu, interminablement, dans le gris et le silence, et y disparaissait.

Sur la gauche, un autre escalier aussi large et vide descendait en tournant dans le gris qui l’absorbait. Des volées plus étroites et des couloirs en pente creusaient les murs dans toutes les directions, vers le bas, vers le haut. Une couche de poussière grise couvrait uniformément le sol, les murs et les voûtes.

— L’Escalier ! dit Païkan. Je l’avais oublié.

— Tout le monde l’a oublié, dit le sans-clé.

Païkan se leva et regarda l’homme. Il était gris lui aussi. Ses vêtements et ses cheveux étaient gris, et sa peau d’un rose gris.

— C’est vous qui m’avez amené ici ?

— Oui, avec elle... C’est elle qu’ils cherchent, n’est-ce pas ? Il parlait à mi-voix, sans éclat, sans timbre.

— Oui, c’est moi, dit Eléa.

— Ils ne penseront pas tout de suite à l’Escalier. Personne ne l’utilise plus depuis très longtemps. Les portes ont été condamnées et camouflées. Ils auront de la peine à les retrouver...

Trois hommes gris surgirent en silence d’un couloir déclinant. En voyant le groupe, ils s’arrêtèrent quelques instants, puis s’approchèrent, regardèrent Eléa et Païkan, et repartirent sans avoir dit un mot, par les marches principales, vers le haut. Ils étaient un peu de gris mouvant dans le gris immobile. Ils devenaient de moins en moins visibles, de plus en plus petits vers le haut, gris sur gris, indiscernables. On les devinait tout à coup, parce que l’un d’eux, au lieu de continuer tout droit, avait fait un pas de côté, point gris qui bougeait sur du gris, puis plus rien que le gris qui ne bougeait plus. Leurs pieds sur les marches avaient écrasé la poussière sans la déplacer. Elle se regonflait lentement derrière eux, effaçant la trace de leurs pas, de leur passage, de leur vie.

La poussière n’était pas pulvérulente, mais feutrée, compacte, solidaire. Sorte de tapis aéré, fragile et stable, c’était la doublure de cet envers du monde.

— Si vous voulez monter jusqu’à la Surface, dit l’homme de sa voix qui était juste – tout juste – assez forte pour qu’on l’entendît, il y a 30 000 marches. Il vous faudra un jour ou deux.

Païkan répondit en étouffant instinctivement sa voix. Le silence était comme un buvard dans lequel on avait peur d’entendre les mots s’enfoncer et disparaître.

— Ce que nous voulons, c’est arriver au Parking, dit-il.

— Celui de la 5e Profondeur est plein de gardes. Il faudrait monter ou descendre d’une Profondeur. Descendre sera plus facile...

Le sans-clé plongea sa main dans sa besace, en sortit des sphérules de nourriture et les leur tendit. Pendant qu’ils les laissaient fondre dans leur bouche, il nettoya du tranchant de la main la poussière qui ouatait une sorte de cylindre courant à hauteur d’homme le long du mur, et y enfonça par deux fois une lame. Un double jet d’eau se mit à couler.

Eléa, la bouche ouverte, se jeta sous la mince colonne transparente. Elle s’étrangla, toussa, éternua, rit de bonheur. Païkan buvait dans ses deux mains en coupe. Ils avaient à peine étanché leur soif quand le double jet diminua et tarit : la conduite d’eau avait réparé ses fuites.

— Vous boirez de nouveau plus loin, dit l’homme. Dépêchons-nous, il y a 300 étages à descendre pour atteindre la 6e Profondeur.

Il prit un escalier sur la droite. Ils le suivirent. Il courait presque sur les marches, avec une sûreté née d’une longue fréquentation de l’escalier et de son vêtement de poussière. Il traversa un étroit palier, prit un escalier perpendiculaire, puis un autre, un autre, un autre. Il tournait à gauche, à droite, bifurquait, zigzaguait, sans hésitation, tombant et descendant d’étages en étages, toujours plus bas.

La main dans la main, Eléa et Païkan descendaient derrière lui, s’enfonçaient dans l’épaisseur grise. Parfois ils rencontraient, croisaient ou dépassaient d’autres sans-clé silencieux, qui se déplaçaient sans hâte, seuls ou par petits groupes. Le complexe de l’Escalier était leur univers. Ce corps abandonné, vidé, ce squelette creux, vivait de leur présence furtive. Ils avaient pratiqué des ouvertures clandestines, rouvert des portes inconnues par lesquelles ils se faufilaient dans le monde du bruit et de la couleur, juste le temps qu’il fallait pour se procurer l’indispensable, par la mendicité ou la rapine. Puis ils rentraient à l’intérieur du gris, dont ils avaient pris peu à peu la teinte. La poussière du sol avalait le bruit des pas, celle des murs le bruit des paroles. Le silence qui les entourait entrait en eux et les faisait taire.

Etourdis, courant, sautant des marches, Eléa et Païkan suivaient leur guide qui fonçait. Il leur expliquait tout, par quelques mots, des morceaux de phrases, à peine parlées, chuchotées presque. Il disait la famine quand les gens-de-la-couleur ne voulaient pas donner. Alors ils étaient réduits à manger des oiseaux-ronds. Il en montra un qui s’enfuyait devant eux. Il était gros comme le poing, il était gris, il n’avait pas d’ailes. Pour traverser un palier, il courut à toute vitesse sur ses pattes maigres. Arrivé en haut des marches, il s’élança, cacha sa tête et ses pattes sous ses plumes, et roula, rebondit comme une boule jusqu’en bas.

Ils en virent plusieurs qui grattaient le sol et extirpaient du bout du bec de gros vers gris qui creusaient leur galerie dans l’épaisseur de la poussière et se nourrissaient d’elle.

Eléa conservait ses forces et son souffle, mais Païkan dut s’arrêter. Ils se reposèrent quelques instants, assis au bas d’une volée de marches. Dans une encoignure du palier, une petite flamme brûlait. Trois silencieux accroupis faisaient cuire des oiseaux-ronds, qu’ils tenaient par les pattes au-dessus d’un feu de poussière. L’horrible odeur de la viande rôtie parvint jusqu’à eux et souleva le cœur de Païkan.

— Continuons, dit-il.

Au moment où il se levait, de grands coups retentirent dans un des murs. Les trois silencieux s’enfuirent en emportant leurs proies à moitié crues. Un fragment de mur vola en morceaux.

— Vite ! dit le sans-clé. C’est une ancienne porte. Ils l’ont trouvée !...

Il les repoussa devant lui, vers le haut. Ils remontèrent la volée de marches quatre à quatre. Sur le palier, le pan de mur s’effondra, et les gardes verts entrèrent.

Les trois fugitifs dévalaient à toute allure un couloir en pente, chassant devant eux une troupe d’oiseaux-ronds qui roulaient, sortaient leurs pattes pour accélérer leur vitesse, et s’élançaient de nouveau, de plus en plus vite, sans un piaillement d’effroi, ronds, roulants, silencieux et gris.

Du fond du couloir, devant eux, la voix de Coban s’éleva. Elle était étouffée, désincarnée par les feutres de poussière, elle paraissait toute proche, et venir, exténuée, du bout du monde.

— Ecoutez, Eléa, nous savons où vous êtes. Vous allez vous perdre. Ne bougez plus, nous vous rejoignons. Ne bougez plus. Le temps presse...

Le piétinement sourd des gardes venait au-devant d’eux, derrière eux, au-dessus d’eux. Le sans-clé s’arrêta.

— Ils sont partout, dit-il.

Païkan enfonça la main dans son arme.

— Attendez ! dit l’homme.

Il s’agenouilla, fit un trou avec les mains dans le tapis de poussière, colla son oreille au sol et écouta.

Il se releva d’un bond.

— Oui ! dit-il. Tirez là.

En venant se réfugier derrière Païkan, il montrait le sol dénudé.

Païkan tira. Le sol trembla. Des pans de poussière déchirés volèrent dans le couloir.

— Plus fort !

Païkan tira de nouveau. Le sol s’ouvrit en rugissant.

— Sautez !

Le sans-clé donna l’exemple et sauta dans le gouffre d’où montait un bruit de fleuve. Ils sautèrent derrière lui, tombèrent dans l’eau amère et tiède. Un courant puissant les emporta. Eléa revint à la surface et chercha Païkan. L’eau était légèrement phosphorescente, plus brillante dans le remous et les tourbillons. Elle vit le visage de Païkan qui émergeait. Ses cheveux brillaient d’une lumière verte. Il lui sourit et lui tendit la main. Le plafond en pente s’enfonçait dans le courant, qui s’écoulait par un siphon. Au centre du tourbillon apparut une boule brillante : la tête du sans-clé. Il leva la main, fit signe qu’il plongeait, et disparut. Eléa et Païkan commencèrent à tournoyer et furent aspirés par la profondeur. Main dans la main, jambes abandonnées, sans poids, ils s’enfonçaient dans l’énorme épaisseur d’un muscle d’eau palpitant et tiède. Ils tombaient à une vitesse fantastique, tournoyaient étendus autour de leurs mains jointes, prenaient des virages qui les jetaient contre des parois feutrées de milliards de radicelles, émergeaient au sommet d’une courbe, respiraient, repartaient, aspirés, entraînés, toujours plus bas. L’eau avait un goût de pourriture et de sels chimiques. C’était le grand courant issu du lac de la 1ère Profondeur. A la sortie du lac, il traversait une machine immobile, qui lui ajoutait les nourritures réclamées par les plantes. Il descendait ensuite d’étage en étage, dans les murs et dans les sols, et baignait les racines de toute la végétation enterrée.

Une chute verticale se termina par un ample virage et une remontée qui les rejeta au milieu d’un geyser de bulles phosphorescentes. Ils retrouvèrent l’air à la surface d’un lac qui s’écoulait lentement vers un porche sombre. Une multitude de colonnes tordues, les unes épaisses comme dix hommes, d’autres minces comme un poignet de femme, descendaient du plafond et s’enfonçaient dans l’eau où elles se ramifiaient et s’épanouissaient. C’était un peuple luisant de racines.

Sur l’une d’elles, torve, était assis le sans-clé. Il leur cria :

— Grimpez ! Vite !

Eléa se hissa jusqu’à une boucle presque horizontale, et tira Païkan sur qui pesait la fatigue. L’eau luisait et coulait sur les longs serpents végétaux avec un bruit de caresse. Du porche sombre venait de temps en temps le bruit sourd d’un remous. Une lumière pâle montait de l’eau, coulait des racines, froide, visqueuse, verte. De toutes parts dans le lac des points ronds lumineux, d’un rose vif, accouraient vers les remous laissés par les trois fugitifs. Ce fut bientôt au-dessous d’eux une ébullition de lumière rose frénétique. De temps en temps, quelques-unes de ces gouttes vives sautaient hors de l’eau comme des étincelles, essayaient de se coller aux jambes nues qui pendaient hors de leur portée. C’étaient des poissons minuscules, presque coupés en deux par leur bouche ouverte.

— Les  poissons-amers,  dit  le  sans-clé.   S’ils vous goûtent, ils achèvent tout, même les os.

Eléa frémit.

— Mais qu’est-ce qu’ils mangent, d’habitude ?

— Les racines mortes, tous les débris que le courant entraîne. Ce sont des nettoyeurs. Et quand il n’y a rien d’autre, ils se mangent entre eux.

Il se tourna vers Païkan, frappa du poing le plafond qu’il touchait de la tête, et dit :

— Parking !...

Les racines qui plongeaient dans le lac étaient celles de la forêt du Parking de la 6e Profondeur.

 

La nuit des temps
titlepage.xhtml
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_000.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_001.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_002.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_003.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_004.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_005.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_006.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_007.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_008.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_009.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_010.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_011.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_012.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_013.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_014.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_015.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_016.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_017.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_018.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_019.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_020.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_021.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_022.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_023.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_024.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_025.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_026.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_027.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_028.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_029.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_030.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_031.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_032.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_033.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_034.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_035.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_036.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_037.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_038.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_039.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_040.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_041.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_042.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_043.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_044.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_045.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_046.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_047.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_048.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_049.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_050.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_051.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_052.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_053.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_054.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_055.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_056.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_057.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_058.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_059.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_060.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_061.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_062.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_063.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_064.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_065.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_066.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_067.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_068.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_069.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_070.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_071.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_072.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_073.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_074.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_075.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_076.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_077.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_078.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_079.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_080.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_081.htm
Barjavel,Rene-La nuit des temps(1968).French.ebook.AlexandriZ_split_082.htm